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Leader inspirant - affronter et vaincre ses peurs

Le secret d’un leader inspirant : est-ce vraiment de vaincre ses peurs ?

J’ai d’abord cru qu’une équipe performante était celle qui avait un bon chef.
Puis j’ai cru qu’une équipe performante était celle qui avait des buts clairs.
Puis j’ai cru qu’une équipe performante était celle qui n’avait pas trop de conflits.
Puis j’ai cru qu’une équipe performante était celle dont les membres n’étaient pas trop différents.
J’en arrive à la conclusion que pour qu’une équipe soit performante, il faut qu’elle ose dire ses peurs et ses besoins et qu’elle renonce à avoir raison a priori. – Will Schutz (1925 – 2002, psychologue américain)

Renoncer à avoir raison a priori (s’ouvrir aux autres points de vue), dire ses besoins et ses peurs ne sont pas des comportements habituels en équipe. Il convient d’oser – encore et encore – pour que cela devienne progressivement une habitude relationnelle. Dans cet article, je vous propose de nous intéresser aux peurs. Comment une équipe pourrait elle commencer à oser dire ses peurs si son leader ne montre pas l’exemple ?

Plutôt que de vaincre ses peurs, c’est le courage de traverser sa peur qui fait le héros. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, le premier moteur de l’acte héroïque est la peur. Cette peur chevillée au plus profond de notre cerveau reptilien, depuis l’aube de l’humanité : peur de l’inconnu, peur de la nuit, peur d’un lendemain sans soleil, peur que le ciel nous tombe sur la tête, peur de la mort… C’est cette peur maîtrisée qui vaut à l’espèce humaine d’être encore aujourd’hui créatrice de progrès.

L’homme met toute son intelligence et son esprit créatif à inventer ce qui peut assurer sa sécurité et celle des siens (tant physique que psychique).


Ne pas chercher à vaincre ses peurs, apprendre à les gérer !

Il ne s’agit pas de vaincre ses peurs mais de les apprivoiser, de vivre avec, de s’en faire des alliées. « Puisque ces mystères nous échappent, feignons d’en être les organisateurs » disait Jean Cocteau. Puisque la peur est viscéralement humaine, apprivoisons-la au lieu de la fuir ou de vouloir la contrôler.

Regarder nos peurs en face, c’est accepter notre vulnérabilité, c’est avoir le courage d’être imparfait. Nous montrer vulnérable c’est nous accepter nous-mêmes tels que nous sommes, imparfaits. Lorsque nous osons dire nos peurs, nous osons nous montrer vulnérables. Nous devenons authentiques. Nous dévoilons notre vraie personnalité. Nous générons de la confiance dans la relation.

Le courage et l’humilité dont nous faisons preuve profitent à tout le monde. Et nos relations avec les autres s’enrichissent. Il n’est pas pour autant nécessaire de dire tout le temps et à tout le monde nos peurs. Lorsque nous avons appris à nous ouvrir aux autres, nous pouvons choisir avec qui et quand.

Si vous souhaitez apprendre à oser dire vos peurs pour devenir un leader inspirant, inciter votre équipe à commencer à en faire de même, je vous suggère une démarche en 3 étapes : identifier, apprivoiser puis dire.

Etape 1 : Identifier ses peurs et les nommer

Dans son livre « L’Elément Humain – Comprendre le lien entre estime de soi, confiance et performance » Will Schutz identifie 3 peurs en lien avec 3 besoins interpersonnels (ou relationnels) que nous partageons toutes et tous.

La peur de l’abandon ou d’être ignoré – liée à notre besoin de nous sentir important

Comment je fais partie ou non d’un groupe met en jeu les critères Intérieur / Extérieur : c’est le besoin d’établir et de maintenir une relation satisfaisante avec les autres.

Au niveau des comportements, l’inclusion va se mesurer par le nombre de contacts échangés avec les autres dans un contexte particulier. Les questions qui se posent sont : Quel est le quantité de contacts avec les autres dont vous avez besoin ? Qui initie les relations et la conversation ? Etes-vous plutôt extraverti ou introverti ? Préférez-vous plutôt être seul ou entouré ? Où puisez vous l’énergie dont vous avez besoin ? Plutôt en vous-même ou plutôt au contact des autres ?

Au niveau des sentiments, la dimension de base est celle de l’importance. Nous nous sentons important lorsque nous recevons des signes d’attention, lorsque notre présence fait une différence. La peur liée au sentiment de ne pas être important ou de ne pas être intégré dans un groupe humain est celle de l’abandon, pour le dire autrement la peur d’être ignoré.

Au niveau du concept de soi, se trouve la notion de présence. Etre présent, c’est être centré au bon niveau sur ce que nous faisons, être entièrement dans la situation, faire ce que nous faisons avec tout notre être et être en contact avec ce qui se passe. Une présence trop faible (dissociation) se manifeste par un éparpillement, une distraction ou un détachement par rapport à ce qui se passe. Une présence trop forte (association), se manifeste par la perte du sens de soi en s’identifiant totalement à ce que nous faisons.

Le bon niveau de présence, c’est celui qui est adapté à la situation dans laquelle nous nous trouvons. Il convient de trouver un équilibre entre association et dissociation pour vivre pleinement ce qui se passe sans être submergé par nos émotions. Un niveau approprié de sociabilité n’est possible que si nous pensons avoir de la valeur, si nous nous sentons important et digne d’être pris en compte.

Une personne qui doute de son importance peut manifester aussi bien une absence de sociabilité (introversion, égocentrisme, retrait excessif) ou au contraire un excès de sociabilité (extraversion, prétention, exhibitionnisme).

La peur de l’humiliation – liée à notre besoin de nous sentir compétent

Ce besoin met en jeu des critères de Dominant / Dominé ou Au dessus / En dessous : c’est le besoin d’établir et maintenir une relation satisfaisante avec les autres en matière de contrôle, d’influence et de pouvoir.

Au niveau des comportements, le contrôle va se mesurer par un niveau d’influence et de prise en charge selon les différents contextes. Les questions qui se posent sont : Quel niveau d’influence sur les autres souhaitez-vous exercer ? Préférez-vous exercer une influence sur les autres en leur donnant des instructions, en dirigeant leur activité, en prenant des décisions ? Ou préférez-vous ne pas exercer d’influence en vous laissant guider par les autres, en évitant les situations dans lesquelles vous devez prendre des responsabilités ?

Au niveau des sentiments, la dimension de base est celle de la compétence. Nous nous sentons compétent quand :

  • Nous nous sentons autonome,
  • Nous prenons des décisions pour gérer les problèmes qui surviennent,
  • Nous prenons des responsabilités,
  • Nous nous autorisons à entreprendre,
  • Nous recevons des compliments sur la qualité de notre travail.

La peur liée au sentiment d’incompétence – de ne pas être capable de faire face – est celle de l’humiliation.

Au niveau du concept de soi, se trouve la notion d’autocontrôle, de maîtrise de soi et de détermination personnelle. Les individus s’imposent un degré variable de retenue dans l’expression de leurs pensées et ressentis. Une perte de contrôle de soi, (sous l’effet de l’alcool par exemple), peut générer des comportements antisociaux d’agressivité ou de violence. Trop d’autocontrôle se manifeste par une inhibition, des rigidités, l’absence de spontanéité et la non expression de soi. Le bon niveau de contrôle de soi est celui où l’expression de soi permet de se développer en respectant son entourage.

Nous pouvons choisir le degré d’expression de nous-même en fonction de la situation. Autrement dit, être libre de faire ce que nous avons envie de faire et nous arrêter quand nous le souhaitons.

La peur du rejet – liée à notre besoin de nous sentir aimable

Ce besoin met en jeu des critères Ouverture / Fermeture : c’est le besoin interpersonnel d’établir et de maintenir une relation satisfaisante avec les autres au niveau affectif, de l’intimité, de l’amitié et de l’amour.

Au niveau des comportements, le besoin d’affection va se mesurer par un niveau d’ouverture, de sincérité en fonction des différents contextes. Les questions qui se posent sont : Quel niveau d’intimité souhaitez-vous partager avec les autres ? Appréciez-vous de partager vos émotions, vos sentiments, vos croyances, vos rêves, vos espoirs, vos secrets, votre vulnérabilité ? Ou préférez-vous les garder pour vous ?

Au niveau des sentiments, la dimension de base est celle de la sympathie ou de l’amabilité. C’est-à-dire la capacité à créer un climat de confiance dans lequel un individu va s’apprécier et se considérer digne d’aimer et d’être aimé. Nous apprécions une personne si nous nous apprécions dans notre façon de nous comporter avec les autres. Nous nous sentons appréciés des autres lorsqu’ils recherchent notre compagnie, notre amitié et qu’ils se confient facilement à nous. La peur liée au sentiment d’être antipathique, non reconnu et non considéré est celle du rejet.

Au niveau du concept de soi, se trouve la notion de conscience de ce qui se passe en nous. Cette ouverture à nous-mêmes nous permet d’être en contact avec nos émotions, nos ressentis, nos croyances, notre vulnérabilité … Etre trop peu conscient de ce qui se passe en nous, c’est être étranger à nous-même, ne pas savoir qui nous sommes, avec la difficulté d’être lucide et sincère avec soi-même. Etre trop conscient de ce qui se passe en nous-même se manifeste par une trop grande introspection. Ce qui entraîne une perte d’attention et de contact avec ce qui se passe chez les autres et dans le monde extérieur.

Le bon degré de conscience de nous-même est celui qui nous permet de nous sentir bien dans notre peau pour exprimer le meilleur de nous-même. Nous pouvons choisir le degré de conscience de ce qui se passe en nous ou en dehors de nous en fonction de la situation.

Les peurs liées à la perception de notre importance, de notre compétence et de notre amabilité sont à l’origine des interprétations que nous faisons des comportements de l’autre.

Etape 2 : Apprivoiser ses peurs

Leader inspirant - vaincre ses peurs

Les peurs doivent être apprivoisées

Les peurs, ça fait peur ! Que faisons-nous quand nous avons peur ? Il est probable que nous mettions en œuvre des tentatives d’évitement : ne pas être en contact avec l’objet de notre peur, tenter de ne pas ressentir la peur. Une telle logique de l’évitement est aidante dans un premier temps, lorsque nous évitons ce qui nous fait peur. Mais elle aggrave le problème par la suite par la perte d’estime de nous-mêmes et de confiance en nous. L’évitement de la peur est donc paradoxal : soulagement dans un premier temps puis aggravation.

Alors, en tant que leader inspirant, que choisissez-vous ?

Le cercle vertueux ? Oser traverser vos peurs et expérimenter une situation qui vous fait peur. Eprouver vos points de solidité. Renforcer votre confiance en vous, votre estime de vous-même, votre sécurité intérieure.

Le cercle vicieux ? Continuer à ne pas oser traverser vos peurs et à éviter d’expérimenter une situation qui vous fait peur. Conserver vos peurs. Dégrader votre confiance en vous, votre estime de vous-même, votre sécurité intérieure.

Comme le disait Gregory Bateson, « la seule peur qui tienne est celle d’un tigre affamé aux yeux jaunes qui vous regarde de près. »

Affronter aide à dépasser. Une peur que nous évitons se transforme progressivement en panique : nous portons en nous les blessures des batailles que nous avons évitées. Une peur que nous affrontons se transforme progressivement en courage : à chaque fois que nous osons faire ce que nous évitions, nous devenons de plus en plus courageux.

Voici 3 clés d’actions pour apprivoiser vos peurs :

  • Le temps : apprivoiser vos peurs vous demandera de la patience. C’est ce que disait le renard au Petit Prince. Il faut être en contact régulier avec elles.
  • La motivation: appréhender le sens que nous mettons dans cette démarche d’apprivoisement. Qu’est-ce qui aura changé dans nos vies lorsque nous aurons apprivoisé nos peurs ? Dès que je regarde mes peurs en face, à la façon des Samouraïs qui les visualisaient au bout de leur sabre lorsqu’ils partaient au combat, elles deviennent mes alliées. Elles me permettent d’être et de rester en conscience. Et vous, qu’allez-vous pouvoir faire au fur et à mesure que vous apprivoiserez vos peurs ?
  • Une méthode :
    • Observer nos peurs : un exercice efficace est de les observer, de les décrire dans un « carnet de bord de nos peurs » lorsqu’elles se manifestent (une tâche distractive qui permet de défocaliser l’attention) et de les évaluer (sur une échelle de 0 à 10 par exemple). A partir du moment où nous reconnaissons et nommons nos peurs, nous devenons capables de les regarder en face à la façon des Samouraïs, n’est-ce pas ?
    • Ressentir nos peurs : il s’agit de nous laisser progressivement traverser par nos peurs pour mieux les traverser ensuite.
    • Partager nos peurs : nous les dire (à voix haute) et les dire aux autres : à une personne de confiance qui ne nous jugera pas (notre meilleur ami, notre thérapeute ou notre coach par exemple).
    • Affronter progressivement nos peurs : aller vers la situation redoutée et nous arrêter juste avant que la peur ne devienne insupportable.
    • Eviter d’éviter : chaque fois que nous évitons, nous nourrissons notre peur et lui permettons de prendre de plus en plus de place dans nos vies.
    • Rassurer notre enfant intérieur car désormais c’est l’adulte que nous sommes qui protège notre petit garçon / petite fille apeuré. Comme l’a dit André Comte-Sponville « Qu’est ce que l’angoisse, sinon ce sentiment de la possibilité immédiate du pire ? Toute angoisse est imaginaire, le réel est son antidote. »
    • Dédiaboliser la peur : la « juste peur » est protectrice. N’est-ce pas pour cela que les parents apprennent aux enfants à avoir peur de traverser la rue sans regarder auparavant ou à ne pas caresser un chien inconnu ? La « juste peur » est protectrice car elle permet de conserver nos sens en éveil et d’assurer notre sécurité physique et psychique.

Etape 3 : Dire ses peurs de façon directe et non violente

Will Schutz disait que « l’ouverture est le grand simplificateur des relations humaines ». L’inclusion et le contrôle sont des étapes nécessaires pour gérer la relation à l’autre. « First truth first » : dire notre première vérité d’abord. Comme par exemple « J’ai peur de ta réaction par rapport à ce que je vais te dire et je vais te le dire tout de même …». Etre honnête dans notre manière de communiquer dépend donc de notre degré de conscience de nous-même.

Afin de pouvoir dire vos peurs de façon directe et non violente, je vous suggère d’abord de les écrire pour mieux les dire ensuite.

Vous vivez une situation inconfortable avec quelqu’un dans votre sphère professionnelle ou personnelle. Cette situation provoque chez vous un ressenti fort. Vous aimeriez faire en sorte qu’une telle situation et un tel ressenti ne se reproduisent pas. Ecrivez alors une lettre à cette personne sur votre propre perception de la situation et sur votre ressenti envers elle. Soyez complètement honnête en la rédigeant.

Je suggère que la trame de votre lettre soit la suivante :

  • Tu as fait, tu as dit … (les comportements observés et paroles prononcées : des faits objectifs, non critiquables)
  • Je pense que tu es … (votre jugement)
  • Vis-à-vis de toi, je ressens … (votre ressenti et vos émotions : certes subjectifs mais non critiquables parce qu’ils vous appartiennent)
  • J’ai l’impression que tu penses que je … (votre discours intérieur, le film dans votre tête)
  • A tes yeux, j’ai peur d’être … (votre perception de la peur qui vous anime : non important, incompétent, pas digne d’être aimé …)
  • J’ai besoin de … (votre besoin qui n’a pas été nourri ou respecté par l’autre)
  • Est-ce que tu … ? (l’expression de votre demande – en lien avec votre besoin)

Cette lettre n’a pas forcément pour objet d’être envoyée à son destinataire ou communiquée dans son intégralité. Après avoir pris le temps de l’écrire, vous devriez pouvoir être capable de dire vos peurs de façon directe et non violente en adaptant votre niveau de communication (d’ouverture) à votre interlocuteur et au contexte.

En conclusion

Chercher à vaincre ses peurs n’est peut-être pas la meilleure façon pour développer votre leadership. En tant que leader inspirant, préfèrez plutôt apprendre à identifier vos peurs, à les apprivoiser puis à les dire de façon directe et non violente. Vous deviendrez ainsi plus authentique. Vous ferez le cadeau de qui vous êtes véritablement à tous ceux qui vous entourent. Cerise sur le gâteau, vous les inciterez à en faire progressivement de même et leur permettrez de grandir.

Comme le disait Carl Gutav Jung « Trouvez ce dont une personne a le plus peur et vous saurez de quoi sera faite sa prochaine étape de croissance ».

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À propos de l'auteur

Laurent CLARETCertifié en coaching individuel, cohésion d’équipe et développement des organisations par Vincent Lenhardt, Laurent Claret accompagne des dirigeants, des managers et des équipes. Il pratique un accompagnement pluraliste et intégratif : il combine deux approches (systémique et narrative) avec des outils issus des psychologies humanistes, de l’Analyse Transactionnelle et de la PNL. Contacter Laurent CLARET :

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